Le développement durable dans le retail

La réalisation d’espaces marchands, au même titre que les chantiers de construction publics, est responsable d’une empreinte écologique élevée. Il devient alors primordial d’intégrer cette problématique dans le processus de réflexion créative, en amont des étapes de conception et de réalisation. Oui, un projet doit avant tout être respectueux de l’environnement, avoir un impact positif.

Aujourd’hui plus que jamais, nous designers et acteurs du retail, avons un rôle à jouer dans la protection de l’environnement et de notre planète. Les chantiers et réalisations de concepts retail polluent massivement et nous nuisent. Ils sont néfastes pour nos paysages, nos sols, notre eau… À titre d’exemple, l’industrie du BTP produisait 6 millions de tonnes par an de déchets, en France en 2020 – en comparaison, environ 30 millions de tonnes de déchets ménagers sont produits chaque année. Le secteur du BTP extrait également plus de 30 % des ressources naturelles de la planète, au niveau mondial. 

Chez CBA, nous attachons une grande importance à ce que nos créations soient avant tout PENSÉES.

Au-delà d’être bien conçu, bien dessiné, réalisable, un projet doit surtout être respectueux de l’environnement. Cette dernière qualité, que nous intégrons à toutes nos réalisations a été renforcée à partir de 2009, lorsqu’avec Malongo (entreprise française reconnue pour ses cafés équitables) nous avons collaboré au repositionnement de la marque au travers de leurs points de vente. En plus de matériaux durables et bio-sourcés, d’une conception de mobiliers démontables pour un recyclage agile, nous avions établi un cahier des charges développement durable très dense afin que l’ensemble du projet se réalise en suivant une démarche responsable et engagée. Cette collaboration nous a permis d’ajuster notre processus créatif et d’installer dans chacun de nos projets cette volonté de créer plus respectueusement. C’est d’autant plus motivant car cela est créateur de valeur, source de créativité, de renouvellement.

Deux ans auparavant, ce cheval de bataille était encore sauvage, difficile à monter. Aujourd’hui, tous, agences et annonceurs, souhaitent montrer cet étendard vert. Le greenwashing reste présent, mais cela va en s’atténuant, le consommateur n’est pas dupe ! Et la problématique écologique est bien présente; on ne peut plus se mentir.

Tout comme il existe un devoir de citoyen, il existe un devoir de designer. Dans chaque réflexion créative, le designer devrait intégrer les 4 « R » : réduire, réutiliser, recycler et refuser; tout en se demandant à chaque étape, du dessin à la réalisation, “est-ce bénéfique ou sans impact pour l’environnement ?”.

Le rôle des agences de design n’est plus uniquement de donner une réponse créative à un brief, mais celui d’anticiper, d’agréger des experts afin d’accompagner au mieux leurs clients pour concevoir plus respectueusement.

/ Nous, designers, sommes engagés, investis et préoccupés.

Nous avons le devoir et la responsabilité de concevoir des espaces, des objets et mobiliers durables dont l’empreinte soit la plus positive possible et la plus responsable pour nos générations futures.

Cela demande d’aborder la problématique sous un angle différent, cela demande aussi de la retenue… Il faut oser, se questionner, sortir de sa zone de confort, faire des choix, quitte à renoncer. Pour nous aider, une multitude de nouveaux matériaux apparaissent : ils sont issus de la mer (coquilles d’huitre, de moule, des algues), de déchets organiques (peau d’orange, marc de café…), de champignons, de déchets textiles… Certains ne sont pas encore applicables dans les projets d’ERP (établissement recevant du public), d’autres sont encore très couteux mais cela reste positif. Au fur et à mesure le colibri fait son nid. La diversité est telle, dans ces nouveaux matériaux, que cela offre un champ des possibles infini, une richesse créative extraordinaire, un terrain de jeux fantastique pour les designers.

Nos équipes ont d’ailleurs pris plaisir à jouer avec ces matériaux afin de créer différentes zone à différentes ambiances lors de sa collaboration avec Cojean, dans la réinvention de son restaurant situé au CNIT à la Défense à Paris.

/ la richesse des matériaux

Et le végétal dans l’espace intérieur ? Frénésie ! Nous avons toujours eu besoin de rester connecter à la nature, et ce bien avant la période COVID. Cependant, maintenir de vraies plantes en vie en intérieur a un coût et demande de l’entretien, alors s’offre à nous une solution : installer des plantes en plastiques ou stabilisées. Pourquoi utiliser du vrai si on peut avoir de l’artificiel ? L’être humain, encore une fois, n’est pas dupe, il ne souhaite plus être en contact avec de l’artificiel, il est en attente d’authenticité, comme dans ses relations. Même si la plante artificielle est fabriquée à partir de matières écologiques, cette flore artificielle a un impact carbone. Devrions-nous continuer à créer et à utiliser du faux pour remplacer le réel si celui-ci est néfaste ? Là aussi, il faut appliquer son devoir de retenu…

Des alternatives s’offrent à nous. En effet, le végétal peut être présent autrement : par l’illustration, la photo grand format, l’odeur, la couleur, la matière ; qui eux aussi, allez-vous dire, ont une empreinte carbone. Alors que faire pour ne pas tomber dans l’immobilisme du lapin pris dans les phares d’une voiture ? Aujourd’hui : faire au mieux, analyser, peser le pour et le contre et ne pas se retenir d’imaginer pour que l’avenir soit joyeux et bienveillant.

– Corentin Nicolas, Executive Creative Director Retail & Architecure,

At CBA Design Paris

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