L’influence de la femme dans le design

Le design a‑t‑il un genre ? Et si la femme avait une influence dans le design, quelle serait‑elle ? Qu’elle soit muse ou artiste, la femme a toujours été présente dans l’univers de la création et du design. Bien qu’elle ait, longtemps été dans l’ombre de l’homme, qu’en est‑il aujourd’hui ? A l’occasion de la Journée Internationale des droits des Femmes, nous avons donné la parole à quelques esprits féminins qui font vivre le design chez CBA.

Avec la montée en puissance des mouvements féministes, des combats pour la parité hommes-femmes dans la société, nous nous sommes questionnés sur la place des femmes dans les entreprises en France. Bien que des actions, telle que l’index d’égalité, aient été mises en place, ces dernières ne représentent aujourd’hui (2020) que 18% des postes de direction dans notre pays*. Certes, la mixité des genres est de plus en plus acceptée, normalisée, et demandée dans différents domaines, mais les femmes se font encore trop rares dès lors qu’il est question de diriger. (Depuis qu’Isabelle Kocher a été débarquée début février de son poste de directrice générale chez Engie, il n’y a plus aucune femme à la tête d’une entreprise du CAC 40**).

Le design a longtemps été une affaire d’homme.


Les femmes ont, plus souvent que les hommes, tendance à ne pas se sentir légitimes sur certains postes à responsabilités. Le monde du design ne déroge pas à la règle. En effet, le design a longtemps été une affaire d’homme. D’ailleurs, les designers les plus reconnus ont souvent  été  des hommes ; les femmes ayant été complètement exclues jusque dans les années 30. Phénomène que l’on pourrait expliquer par le fait suivant. Les femmes ont longtemps été considérées comme de simples ménagères, incapables de comprendre le monde du business et de gérer une entreprise ou une équipe. Une autre explication pourrait être celle du “syndrome de l’imposteur”.

Cependant, il existe des exceptions ! Certaines femmes arrivent tout de même à se frayer un chemin dans cet univers longtemps dominé par les hommes. Ray Eames, Charlotte Perriand ou Florence Knoll. Ces noms ne vous disent rien ? Compréhensible. Ce sont des femmes qui, malgré leur talent et leurs compétences, sont restées dans l’ombre d’hommes. À titre d’exemple, Charles et Ray Eames ont longtemps été imaginés comme étant deux frères. Or, Ray est une femme. Et qu’en est-il des meubles designés par Charlotte Perriand qui étaient signés Le Corbusier ? Mais encore, vous connaissez surement la swooch de Nike ? L’un des symboles les plus reconnaissable au monde. Lui aussi a été crée par une femme. Et non, ce n’est pas la réalisation de l’un des co-fondateurs de la marque ! L’artiste s’appelle Carolyn Davidson ; pourtant, encore trop peu de gens connaissent son nom. Et enfin, parlons de la maison d’édition de meuble Knoll, inspirée et fondée par Florence Knoll, et non son mari. Il est important de garder en tête que dans les années 50, période où les femmes étaient sensées rester à la maison, une jeune femme telle que Knoll a pu construire ce qui est encore aujourd’hui la plus grosse maison d’édition de meuble ! Si cela a été possible, c’est que toutes les femmes peuvent le faire et surtout être légitimes à le faire.

L’histoire de ces femmes nous rappelle ô combien il est important de se battre pour ses passions. Ces pionnières du design, qui à l’époque n’ont pas été considérées à juste titre pour leur travail, font désormais partie des designers féminins les plus reconnues. 
Alors, à toutes les futures générations de créatrices, OSEZ ! 

Mais alors, au-delà de la place des femmes dans le design et ses postes à responsabilité, ces dernières influencent-elle les créations ? Peut-on, à l’œil nu, reconnaître une création féminine d’une création masculine ?

Depuis toujours, les émotions sont considérées comme un marqueur de genre. Les hommes sont dans la raison, la logique, le pragmatisme tandis que les femmes ont une approche plus sensible et de fait plus intuitive ; ce qui les rendra plus inclusives et émotionnelles dans leur approche. Néanmoins, l’un n’est pas mieux que l’autre. Ce qui rend le design aussi intéressant et puissant, c’est l’association des deux influences : de la sensibilité et du pragmatisme, de l’émotionnel et du fonctionnel, de la compassion et de la logique.  La création est donc un acte qui dépasse le genre. Quand on est designer ou créatif, il y a forcément une dimension de sensibilité plus importante, qui va au-delà du genre. Cependant, lorsque l’on se penche sur des  registres  design  plus  techniques, et  plus axés sur la performance,  il peut en effet y avoir plus d’hommes, c’est le cas pour l’architecture par exemple. On peut alors se demander si cela est lié à la création émotionnelle versus la création mécanique ?

Alors, la question pourrait être : le genre a-t-il un impact sur la perception que le designer se fait de ce qui l’entoure et de ce qui nourrit son inspiration, sur son approche finalement ? Un designer est quelqu’un qui observe le monde qui l’entoure et qui répond à des problématiques. Le monde qui nous entoure ne se présente pas de la même manière pour un homme que pour une femme, elles se saisissent donc de problématiques différentes.

Un exemple concret : à la fin des années 40, Charlotte Perriand a inventé la cuisine ouverte ; pourquoi les cuisines devraient être toujours relayées au fond de la maison, isolées ? Maison dans laquelle la femme n’aurait le droit d’apparaître qu’avec le plat fini. Avec une cuisine ouverte, elle peut cuisiner, papoter avec les amis, la famille, prendre un verre de vin, etc. Problématique purement design à laquelle un homme n’aurait peut-être pas pensé ; et c’est en ce sens que le genre a une influence. Cette influence va permettre aux femmes d’être plus à l’écoute, notamment des marques, qui sont plus collaboratives avec les consommateurs et leurs clients.

L’avenir des femmes dans le design s’annonce florissant et prometteur.

L’avenir des femmes dans le design s’annonce donc florissant et très prometteur ; même s’il sera toujours semé d’embûches. Cette notion de résilience qu’ont les femmes, ce courage et cette abnégation font que ce sont des forces à même de créer des designs plus respectueux, plus durables et plus humains. Nous avons dépassé la revendication, et arrivons dans une logique d’apaisement, et de reconnaissance des forces des femmes, sans comparaison. Un équilibre, une complémentarité. 

Les combats de nos jours vont bien au-delà de ce qu’ils étaient il y a encore quelques années, et sont non-genrés. En ce moment, la société évolue à grande vitesse sur la question des genres. La nouvelle génération s’empare de sujets avec davantage de hauteurs en axant ses combats sur l’équité et la mixité. De plus, il y a de plus en plus de mouvements collectifs, portés par des femmes, qui fleurissent, et ce dans tous les domaines. Ces collectifs vont permettre de casser ces plafonds de verre. Les femmes, au même titre que les hommes, pourront enfin montrer leurs talents et être reconnues pour cela.

Ainsi, l’influence féminine est donc présente dans l’approche et l’analyse d’une problématique. Mais à la fin, l’expression se fait de la même façon puisque tous les designers sont passionnés par leur métier et sensibles par nature.

En somme, le design est donc non-genré. 
Et, parce-que le design est un miroir de la société, et que la société est multi-genre, il doit s’adresser à toutes les cibles, et à tous les horizons. 

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